mar 28/05/2019 - 16:35 Par Geneviève Goulet
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Pourquoi ne nous considérons pas au même titre les musiciens et les sportifs? Pourtant, dans les deux cas, on parle de performance et tout ce qui vient avec.

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Note: ce billet a d'abord été publié sur le site metier-musicien.org le 11 octobre 2016. Reproduit avec la permission de l'auteur.

L'autre jour, je faisais la route entre Montréal et Québec avec un covoitureur très sympathique et comme dans tout bon covoiturage avec un inconnu, j'ai commencé à parler de musique et de performance. En répondant à ses questions, je me suis mise à lui parler de visualisation, de contrôle de l'esprit et d'habitudes mentales saines. Il s'étonna de la ressemblance entre notre discipline musicale et le sport de haut niveau. 

C'est dans le cadre du cours de préparation mentale à la performance donné à l'Université de Montréal par Nathalie Lacaille que je me suis sensibilisée à la santé psychologique du musicien.

Sources de stress

L'ultime but des interprètes est de pouvoir contrôler parfaitement les contraintes techniques et physiques de l'instrument pour se concentrer sur la musicalité et vivre un moment de grâce. Il est essentiel d'être très concentré sur le moment présent pendant une prestation. Malheureusement, nous ne pouvons pas pratiquer avec les effets du stress qui contraignent souvent à maîtriser une situation de performance. En apprenant à décortiquer les sources du stress, nous sommes plus outillés à y faire face. Notre corps réagit au stress de façon très biologique comme si nous faisions face à un danger. Or, avoir les mains froides - pour que le sang circule davantage dans les gros muscles de notre corps - n'aide pas au pianiste.

Il y a 4 facteurs qui contribuent au stress et qui forment l'acronyme CINÉ. Le premier cas est lorsque nous ne sommes pas totalement en contrôle d'une situation. Le deuxième est le facteur d'imprévisibilité. Le troisième cas est la nouveauté et le dernier est l'égo menacé. À partir du moment où l'un de ces 4 facteurs nous déstabilise, nous subissons les effets du stress. Nous pouvons analyser un stress de n'importe quelle nature avec ces 4 facteurs. Le fait de jouer en concert peut affecter tous ces paramètres. Si une erreur survient, le contrôle est altéré. Si quelqu'un tousse ou si un cellulaire sonne, c'est alors le facteur de l'imprévisibilité qui est affecté. Quand le concert est dans une nouvelle salle ou avec de nouveaux musiciens, il y a le facteur de la nouveauté. La pression d'être devant un public et de subir les critiques affecte notre égo. En comprenant ces facteurs, nos pouvons moduler nos pensées et faire en sorte qu'elles soient formulées plus positivement. Par exemple, à la place de se dire qu'on est jugé et que le public n'attend que de trouver une fausse note, il est préférable de se concentrer sur la bienveillance des gens et de s'appuyer sur nos amis qui sont dans la salle. Plus il y a de facteurs de stress, plus ce dernier est difficile à gérer. Il est important d'accepter d'être stressé, c'est tout à fait humain de l'être!

Comprendre son discours interne

Pour être un(e)musicien(e) de performance en plein contrôle de ses moyens, il est préférable d'avoir un dialogue interne positif. Les pensées ont un lien direct avec nos émotions, nos comportements et nos performances. Par exemple, si on se dit sans arrêt qu'on ne mérite pas notre place, que les autres sont meilleurs ou qu'on ne sera jamais capable, ce sera beaucoup plus difficile d'arriver à son objectif. Les bons entraineurs qui travaillent avec des athlètes de haut niveau s'assurent que leurs sportifs ont un dialogue interne positif avant, pendant et après une compétition. 

Il est important d'être bienveillant envers soi-même. Réfléchissez à la manière dont vous vous parlez dans votre tête. Est-ce que vous accepteriez de vous faire traiter et parler de la sorte? Est-ce que cette personne serait votre ami? Est-ce que vous seriez capable d'accepter toutes les critiques? En ayant une attitude positive envers soi-même, nous pouvons réaliser plus aisément des objectifs et accepter plus facilement les défaites. Entretenir un dialogue interne sain n'est pas qu'important comme interprète, mais aussi comme humain et comme entrepreneur. Si vous êtes solide mentalement et que vous avez les outils nécessaires pour faire face aux moments plus difficiles, il sera plus aisé d'atteindre vos rêves. Le dialogue interne permet de se visualiser en situation de concert, de s'encourager et de se valoriser pour réduire les effets du stress lors de performances.

En outre, dans le métier de musicien, nous sommes constamment exposés au stress. Si nous apprenons à le contrôler et à l'apprivoiser dans une situation de performance musicale, nous pouvons transposer cet apprentissage à toute situation qui pourrait être angoissante et stressante. De ce fait, les musiciens qui contrôlent mieux leur stress sont mieux outillés pour faire face aux imprévus du métier comme une audition ou une entrevue. Ces vidéos pourront vous informer davantage sur le stress et la visualisation

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Commentaires

Est-ce qu'il y aurait des bons livres à suggérer sur ce sujet? Dans le même genre que Champion dans la tête de François Ducasse, ou bien encore The Inner Game of Golf de Timothy Gallwey?

mer 25/03/2020 - 11:18

personnellement, j'ai gracieusement vécu quelques occasions où j'ai vraiment senti un moment de magie pendant ma prestation. Ce moment est tout simplement inexplicable. On dirait que tout va bien et plus encore, on établit une connexion avec le public. C'est comme si les gens qui nous entendent décidaient de la qualité musicale. Ce sont eux qui nous transmettent cette énergie. Pour y arriver, il est important avant tout, de bien pratiquer. Ce n'est qu'avec la pratique, pour commencer, qu'on peut contrôler les niveaux de stress. Ensuite, on regèlera les autres aspects psychologiques. Je me souviens d'une prestation où j'ai donné une performance de haute qualité. Quelques personnes et un professeur m'ont fait la remarque. Je me souviens d'avoir mis de côté ma famille, mes amis, les autres matières de l'université et le travail pendant un mois. Consacré à la pratique, je voulais faire le test et je me suis aperçu qu'on peut atteindre un niveau d'excellence. Pour ce qui concerne les autres aspects psychologiques, chaque personne devrait développer une routine d'exercices physiques, de méditation, et d'activités agréables. Dans mon cas, je joue souvent au soccer et j'aime prendre des longues marches. Il faut aussi bien manger et bien dormir. Il faut être comme les athlètes professionnels qui se privent des fêtes pour éviter les boissons alcooliques, les cigarettes, et tout ce qui peut être nocif pour la santé. Mais il y a d'autres aspects dans la pratique qu'il faudrait absolument aborder. La pratique doit être organisée et structurée. On doit entraîner tous les aspects possibles. Voici quelques exemples : tout ce qui concerne l'utilisation des quatre types de mémoires que nous avons. Cognitive, auditive, visuelle et musculaire. La mémoire cognitive consiste en la capacité de mémorisation d'un passage sans nécessairement le jouer parfaitement. Visuelle est ce que mes yeux suivent pendant que je lis une partition ou pendant que je regarde mon instrument. Auditive est ce que j'entends pendant que je joue et musculaire, c'est l'exécution au moyen de nos doigts si on est guitariste ou pianiste par exemple. Ces mémoires doivent être travaillées de manière rigoureuse. Il faut avoir des objectifs observables et mesurables. Il faut sectionner la pièce en petits motifs musicaux et les pratiquer à différentes vitesses. Il faut s'enregistrer et être autodidacte. Bref, il faut tout essayer. Ce ne sont que quelques exemples, car il y en a d'autres. Le plus important de toutes les pratiques est de conserver un état d'esprit calme. Il faut visualiser la pièce, pratiquer les quatre mémoires et pratiquer de manière aléatoire, toujours dans un état de calme où on peux penser à la respiration et à la détente. « Lorsque les doutes, les peurs et les attentes se taisent dans la tête d'une personne en situation de performance, elle entre dans un espace presque magique que j'appelle sa zone d'excellence.» Claude Webster, préface de Yannick Nézet-Séguin, « Attendre sa zone d'excellence », guide pour performer sous pression, Les éditions de l'Homme, division du Groupe Sogides inc, filiale de Québecor Média inc. (Montréal, Quebec), 2016, Chapitre 1, «Principe de base de la performance », p. 26 et 27.

ven 27/03/2020 - 11:29

Bonjour,
je voudrais partager quelques sources qui m’ont été très utiles dans différentes matières à l’Université de Montréal. J’ai suivi des cours en méthodologie et en apprentissage en musique qui m’ont été de grande utilité. Grâce à ces cours, j’ai eu la chance de consulter quelques livres qui m’ont paru essentiels pour la compréhension de mes performances. C’est un sujet qui ne peut pas être expliqué par des simples mots, mais qui doit être compris du fond de notre esprit. Je ne suis pas un expert. J’ai seulement vu une petite lumière au but d’un tunnel et ce grâce aux professeurs et aux lectures. Ces livres ouvriront une porte à ceux qui voudraient approfondir sur le sujet.
Voici une liste de livres à consulter :

Claude Webster, préface de Yannick Nézet-Séguin, « Attendre sa zone d'excellence », guide pour performer sous pression, Les éditions de l'Homme, division du Groupe Sogides inc, filiale de Québecor Média inc. (Montréal, Quebec), 2016.

D’une approche analytique, Claude Webster, professeur, conférencier et pianiste chef des chœurs à l’Opéra de Montréal, nous guide efficacement dans la recherche du comment « atteindre sa zone d’excellence ». Avec des exercices pratiques, il nous fait raisonner sur chaque étape d’apprentissage et sur notre dialogue intérieur. Le but de ce livre est de connaître les forces et les faiblesses que nous possédons tous. Comment utiliser les forces et comment adoucir cette voix dans notre esprit qui parfois peut nuire à notre prestation.

Peretz, Isabelle, Apprendre la musique: Nouvelles des neurosciences, Paris, Odile Jacob, 2018.

Tous les humains ont des habilités d’apprentissage. Il y a trois catégories : les surdoués, les gens normaux et les amusies. Ce livre explore le principe de l’éducation musicale et les effets sur le cerveau. Isabel Peretz, auteure du livre et professeur à l’Université de Montréal, aborde ce sujet d’une approche neuroscientifique en s’appuyant sur des expériences scientifiques dans différents pays.

Peral Garcia, Malinalli et Francis Dubé (2012), « Stratégies pédagogiques visant le développement des habiletés métacognitives du musicien en formation afin d’optimiser l’efficacité de ses pratiques instrumentales », Québec, Profession musicale au Québec, volume 1, numero 1.
https://www.erudit.org/fr/revues/rmo/2012-v1-n1-rmo04276/1055859ar.pdf

Dans cet article de revue la métacognition est mise en valeur. Malinalli Peral et Francis Dubé donnent des conseils aux enseignants de comment devrait être l’approche musical envers les élevés. Ils proposent deux stratégies en trois phases et un journal de bord pour guider le musicien dans son apprentissage.

Dauphin, Claude, Pourquoi enseigner la musique? Propos sur l’éducation musicale à la lumière de l’histoire, de la philosophie et de l’esthétique, Montréal Les presses de l’Université de Montréal, 2011.

Claude Dauphin, professeur et pédagogue en musicologie à l’Université de Montréal, d’une approche philosophique, analytique, historique, esthétique et sociologique nous montre tout ce qu’il faut savoir sur l’apprentissage de la musique. Il cite des auteurs du Moyen-Âge et du Baroque comme Guido d’Arezzo et Jean Sebastian Bach en faisant un parcourt de l’histoire de la solmisation. Il fait l’analyse de l’œuvre de Jean-Jacques Rousseau. Dans cette analyse il constate le recul dans le temps de Rousseau car il reprend les méthodes du Moyen-Âge.

Prescott, John Richard, John Stanley, “A Miracle of Art and Nature”: The Role of Disability in the Life and Career of a Blind Eighteenth-Century Musician, thèse de doctorat, Université de Californie, Berkeley, 2011

En affrontant de face la caractéristique première de John Stanley, aveugle, John Richard Prescott dépeint les méthodes orales de composition et les difficultés qu’a rencontré ce musicien. Son approche est plutôt bibliographique. En effet, il fait la différence du travail des musiciens aveugles, avant et après l’apparition du braille. Il conclut avec une introspective à travers sa propre expérience de musicien non-voyant.

lun 30/03/2020 - 15:05

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