Pianiste

Originaire de St-Bruno au Lac-St-Jean, la pianiste Amélie Fortin a débuté l'étude du piano à l’âge de 5 ans. Diplômée de l'Université de Montréal où elle a obtenu une Maîtrise en interprétation dans la classe de Paul Stewart, elle se spécialise dans la musique pour piano à quatre mains et deux pianos (D.E.S.S. en duo à l'UdM en 2008) et fonde en 2005 le Duo Fortin-Poirier avec la pianiste Marie-Christine Poirier.

Amélie Fortin est lauréate de nombreux prix et bourses, notamment du Festival de Musique du Royaume, du Concours de Musique Canada, du Festival de l'AEMQ, du Concours de Musique de Sillery, de l'OFQJ, des Caisses Desjardins, du Conseil des Arts et Lettres du Québec et du Canada.

Elle se distingue également à plusieurs reprises au sein du Duo Fortin-Poirier au Canada comme à l’international, cumulant les bourses, les premiers prix et les distinctions (1er prix au Concours de musique du Canada, 2e prix au Concorso Pianistico Internazionale Roma en 2013, finalistes au Concours international de piano à quatre mains de Valberg en 2009 et au Liszt 200 Chicago International Duo Piano Competition en 2011 ; mention spéciale du jury au International Edvard Grieg Piano Competition en 2010, bourses des conseils des arts du Québec et du Canada).

Depuis 2009, Amélie Fortin travaille pour la Société pour les Arts en Milieux de Santé et donne de nombreux concerts dans les CHSLD avec le clarinettiste Jean-François Normand. En plus de parcourir le monde avec le Duo Fortin-Poirier, elle est également la pianiste d'Angèle Dubeau et la Pietà, de la tournée de La Science du cœur de Pierre Lapointe et de l’Ensemble Vocal Carpe Diem. Depuis 2012, elle incarne le jeune Wolfgang dans le spectacle jeune public La Récréation de Mozart des Jeunesses Musicales du Canada. Elle partage également son temps entre la musique et la photographie, pour laquelle elle se passionne.

Questions et réponses
Dans quelle ville habitez-vous présentement?
Montréal
Quelle est votre principale activité professionnelle?
Duo Fortin-Poirier
Pianiste de la Pietà avec Angèle Dubeau
Pianiste et comédienne pour le spectacle jeune public La Récréation de Mozart (JMC)
En plus de votre activité principale, dans quelles autres activités musicales êtes-vous actuellement impliqué(e) ?
Enseignement en privé, Accompagnement de chorale (Carpe Diem), Société des Arts en milieux de santé, accompagnement du programme musical de l’école Marcel-Vaillancourt, accompagnement pour auditions, concerts, etc
Dans quelles autres activités musicales avez-vous été impliqué(e) dans le passé, et dans lesquelles vous ne l’êtes plus ?
Tournée avec Pierre Lapointe, accompagnement de diverses chorales, animation de messes, gigs de musique d’ambiance.
Où avez-vous fait vos études musicales ?
Collège d’Alma, Université de Montréal, stages au Québec et en France
Qui ont été vos professeurs les plus importants ou significatifs, et qu’est-ce qui les rendait importants pour vous ?
Hélène Lagueux, collège d’Alma : a été mon professeur de l’âge de 12 ans à 19 ans, donc à l’adolescence principalement, et c’est elle qui m’a vraiment donné envie de poursuivre une carrière en musique. Sa passion, sa rigueur, et son dévouement, entre autres, m’ont toujours inspirée et donné envie de me dépasser.

Paul Stewart, UdM : a complètement changé ma façon de jouer, m’a vraiment toujours poussée et encouragée. Le fait qu’il mène une carrière de concertiste en même temps que sa tâche d’enseignement était une source d’inspiration tangible. J’ai aussi apprécié sa grande disponibilité, malgré son horaire chargé, il était toujours présent et prêt à nous donner de son temps.
Quels musiciens admirez-vous particulièrement, et pourquoi ?
Il y en a tellement… Mais puisque le piano à 4 mains est mon activité principale, allons-y avec le Duo Anderson and Roe. Leur façon moderne et tellement dynamique de rendre vivant l’art du piano en duo est exceptionnelle. Ils ont une folie et une fougue hors du commun, et leurs qualités d’interprètes sont à la hauteur de leur image médiatique colorée.
Du côté des pianistes qui font surtout carrière comme soliste, il y a Beatrice Rana et Yuja Wang, entre autres, qui ont une forte présence sur scène et défendent à merveille la place des femmes en musique classique par leur personnalité et leur jeu tellement solide et brillant, chacune à leur manière.
Avez-vous déjà vécu une affection physique (maladie ou accident) qui a affecté votre habileté à faire de la musique ? Si oui, comment y avez-vous réagi dans votre parcours professionnel ?
Pas vraiment jusqu’à présent (je touche du bois !!!), sauf un épisode d’hyperacousie pendant la fin de ma maîtrise. J’étais devenue ultra-sensible à certaines notes sur certains pianos, pas nécessairement jouées très fort, au point où ça faisait très mal et c’était particulièrement agressant. J’ai passé des tests d’audition, et finalement je me suis fait faire des bouchons moulés, qui coupent de 15 DB. Depuis, ça s’est rétabli avec le temps, mais je garde une certaine sensibilité aux sons forts et perçants (genre des chaudrons qui s’entrechoquent – pas capable).
Pouvez-vous identifier un âge ou une période de votre vie où vous avez décidé de vous diriger en musique ?
D’aussi loin que je me souvienne, je ne me suis jamais vraiment demandé ce que je ferais plus tard. Ça allait naturellement de soi que j’irais étudier en musique. Mais comme je le disais précédemment, quand j’ai rencontré Hélène Lagueux à l’adolescence, ça a confirmé mon choix.
Pouvez-vous identifier un événement précis qui vous aurait fait décider de vous diriger en musique ?
Les camps musicaux ! À partir de l’âge de 13 ans, j’ai commencé à faire des stages à chaque été et j’ai complètement eu la piqûre.
Quel est le principal défi que vous avez rencontré dans votre carrière et comment l’avez-vous relevé ?
Je dirais qu’un des principaux défis auquel je fais face quotidiennement est le manque de temps. Une carrière en musique représente une infinie charge de travail en-dehors de l’instrument. Il y a toujours de la paperasse à faire, de l’organisation d’horaire (et souvent des conflits, surtout lorsque les contrats sont signés un à deux ans d’avance, alors que d’autres surviennent à la dernière minute). Il faut être très organisé et constamment aller de l’avant pour développer sa carrière, se vendre, remplir des demandes de bourses, exister sur les médias sociaux de façon continue, etc. Pas toujours évident d’établir un ordre de priorités dans toute cette paperasse tout en consacrant du temps à l’instrument de façon régulière et soutenue.
À votre avis, quelles sont les 3 compétences non musicales les plus essentielles au succès d’une carrière en arts ?
-La fibre entrepreneuriale
-Le sens de l’organisation
-Le leadership
Qu’est-ce qui vous motive à persévérer ?
Malgré le fait qu’il y ait souvent des périodes de stress où tout arrive en même temps, pour rien au monde je ne ferais autre chose. Avec les années, j’ai la chance de pouvoir choisir davantage mes projets et ne pas être obligée de dire oui à tout ce qui passe, ce qui me permet de prendre part à des projets qui me stimulent énormément. Le mode de vie de travailleur autonome à 100%, avec tout ce qu’il implique de sacrifices et d’heures non-payées, me convient très bien. J’aime la latitude que j’ai sur mon horaire, et le fait de pouvoir voyager un peu partout pour mon travail grâce aux tournées convient parfaitement à mon tempérament nomade.
Si vous aviez un seul conseil à donner à un aspirant musicien, quel serait-il ?
Une chose importante que j’ai réalisée en quittant l’école, c’est qu’il ne faut pas attendre qu’on nous appelle. Il faut CRÉER son emploi, être proactif, se faire un réseau de contacts, et on ne se le cachera pas : le talent c’est une chose, mais parfois c’est une question d’être à la bonne place au bon moment. C’est pourquoi c’est tellement important de développer un maximum de compétences reliées au métier de musicien, car personne ne va le faire à notre place. Il suffit d’aller de l’avant et d’y mettre beaucoup de temps, sans compter les heures (ex. remplir des demandes de subventions, se faire un site internet, avoir des enregistrements, envoyer des dossiers, participer à des rencontres, s’inscrire à des showcases, etc.) Évidemment, je parle d’un point de vue interprète.

Bref ! Être musicien n’est pas un métier facile, ni fait pour tout le monde je pense. Il faut aimer l’insécurité, les horaires complètement fous parfois, et un certain niveau de stress. Ça peut être essoufflant souvent, mais ô combien enrichissant et nourrissant (rimes non voulues) !

Bon succès !